Le lac de Paladru est un charmant lac situé au nord de Grenoble (pour les parigots : département de l'Isère). Ce lac naturel, formé par le glacier du Rhône, fait la joie des touristes mais aussi des archéologues. Le lac est situé au pied du massif de la Chartreuse. Sa longueur est de 6 km et sa largeur maximale de 1,6 km. Peu profond (33 mètres), ses berges sont pentues sauf en quelques endroits où se trouvent des hauts fonds et des plages de craie lacustre.

En effet, depuis le siècle dernier, le lac était connu des milieux scientifiques pour ses pilotis. Aussitôt on y imagine des cités lacustres. De nos jours, l'histoire des habitants du lac est bien mieux connue.
Les premiers occupants des abords du lac remontent à la préhistoire (2700av JC) puis à l'époque romaine (1er siecle après JC)  et enfin au XI ième siècle.
Mais les habitants les mieux étudiés sont apparus au début de l'an 1000. Il s'agit des chevaliers paysans de l'an mil du lac de Paladru. Pour les parigots, je signale que ce n'est pas une invention d'un certain film (on connait la chanson, pour ne pas le citer) au sujet d'une thèse. Non, c'est bien la réalité. Je le dit parce que certains en sont surpris.
Bref, ils nous ont laissés un grand nombre d'indices archéologiques.

Vers 1008 ou 1010, des familles viennent s'installer sur les bords du lac de Paladru, au site de Colletière. Il y resteront  environ une trentaine d'année chassés par la montée des eaux.
Imaginez, des gens arrivant aux bords du lac. Les femmes accompagnant les enfants, les hommes en armes à cheval ou menant leur troupeaux, vaches, moutons, cochons et des charettes contenant le matériel pour vivre.
Ils découvrent alors des presques iles de craies, des sentiers forestiers et des plaines humides. Ils s'installent dans 3 lieux : le site de Colletière (Charavine), le site des Grands Roseaux (Paladru) et Ars (Le Pin). Ces installations ne sont pas dues au hasard.

 Le site de Colletière était situé sur la terre ferme. Son aspect ressemble à une grande ferme fortifée (fortification en bois) de 50 mètres sur 25 environ. A l'intérieur de cette palissade, s'élevait un batiment principal (servant d'habitation et constitué principalement d'une grande salle) et deux latéraux (l'un servant de bergerie et/ou povant servir d'habitation).
Sur le site on été découvert des armes, du matériel d'équitation et quelques restes d'équipement. Il semble que chaque famille en plus de ces activités domestiques, agricoles et artisanales, exercaient un rôle militaire. De nombreux carreaux d'arbalètes ont été retrouvés, indiquant que cette arme était largement utilisée. Il n'a pas été retrouvé de casque mais des reste de cottes de mailles et de plaques de fer. Le caractère précieux de ces pièces d'armement font qu'elles étaient leggées et qu'on y faisait très attention. Des harnais, dont certaines pièces cuivrées (figurant parmis les plus anciennes pièce d'émaux médiéval) on été mis à jour, démontrant l'emploi militaire du cheval.

 Les habitants une fois installés, se sont remarquablement développés. Il vivaient sur leurs élevages (cochons, moutons, vache ...), leurs culture et de pêche. La société mise en place développe son artisanat à la technique poussée : travail du bois (premièr matériaux utilisé dont les habitants de Colettière maitrisait toutes les techniques de transformation pour aussi bien construire leur maison que la tonnelrie et des ustensiles de cuisines), du cuir (obtenu par l'abondance du nombre de bêtes, utilisé pour les vêtements et chaussures), tissage (laine et chanvre. Sur le site, l'abondance des fuseaux indiquent l'importance du tissage dans l'activité économique de la société) et la métallurgie (su simple clou de fer à la lame des cognée du bucheron. Alors que le fer était réputé rare et cher, les fouilles mettent à jour quantité d'objet en fer).
Les produits d'élevage fournissaient la viande pour l'alimentation, complétée par des céréales, des produits de cueillette et des poissons. La viande était une importante source de nourriture à cette époque, était conservée par fumage, salage ou confite, et principalement consomée bouillie.

 La vie culturelle n'était pas en reste non plus. De nombreuses parures en étain et laiton ont été découvertes, elles comprennent aussi broches en fer, épingles en laiton et bagues en cuivre ... Du côté des instruments de musique, de nombreuses flutes (bois et os) ainsi que des instruments plus élaborés tels que des cornemuses, des vièles démontrent que les mélodies jouées étaient plutôt élaborées. Enfin, de nombreuses pièces de jeux d'échec en os ou en bois, des dés et des pions de jeux de sociétés ont été trouvés, pour l'aspect ludique et détente de la société.

Voilà pour le moment.

Le site du ministère de la culture sur le lac de Paladru : très complet avec des photos et un explicatif sur les fouilles.